L’Abbaye de St Jacut de la Mer accueille une partenaire congolaise du CCFD-Terre Solidaire

Pour comprendre les réalités qui se cachent derrière la ’’compensation carbone’’ en lien avec la souveraineté alimentaire des populations autochtones, Prisca Macaillat, responsable des projets de la Commission Justice et Paix de Pointe Noire nous a présenté un exemple d’action engagée par Justice et Paix au Congo.

Prisca Macaillat

Il s’agit de leur intervention sur le projet BaCaSi, projet de plantation de 40 000 hectares d’acacias au nom de la ’’compensation carbone’’, par TotalEnergies au nord de la République du Congo, au détriment des populations locales. Ce projet a été conçu en accord avec le gouvernement congolais, mais en marge des populations locales.

Les parties prenantes - propriétaires terriens mais aussi les cultivateurs locataires et des populations autochtones vivant sur ces terres - n’ont été informées des implications du projet qu’un an après la signature de l’accord.

Aux côtés de la Commission diocésaine Justice et Paix Pointe Noire et du Secours Catholique, le CCFD-Terre Solidaire dénonce l’illusion que représente le projet BaCaSi, censé compenser les émissions de gaz à effets de serre de TotalEnergies, et la non prise en compte des personnes impactées par le projet.

Ce sont les populations évincées qui ont alerté la Commission diocésaine ’’Justice et Paix Pointe-Noire, qui a transmis leur interpellation au CCFD-Terre Solidaire et au Secours Catholique en France. La communauté locale qui pratiquait l’agriculture avait perdu l’usage de ses terres. Et la communauté autochtone se voyait refuser l’accès aux forêts, pourtant essentielles à leurs ressources vivrières et leurs activités économiques, comme la culture du manioc et la cueillette de produits forestiers. Les familles ignoraient qu’elles étaient privées définitivement de l’exploitation de leurs terres.

Aucune alternative adaptée à leurs besoins n’a été proposée.

On a finalement proposé aux populations de cultiver du manioc entre les arbres mais l’absence de formation technique à cette agriculture, et l’incertitude sur la réussite de ces plantations ne permet pas de compenser la perte des biens et moyens de subsistance des personnes touchées.

Une demande de dialogue a été entreprise par le CCFD-Terre Solidaire et le Secours Catholique. Aujourd’hui il y a des efforts qui ont été faits, et qui auraient dû être faits avant le lancement du projet.

Les multinationales utilisent la compensation carbone comme une solution pour compenser les émissions de gaz à effets de serre liées à leurs activités. Ce qu’on attend d’eux, c’est une réduction des émissions carbone et non pas une démarche de compensation des émissions.

Le CCFD-Terre Solidaire rappelle que la réduction immédiate des émissions de carbone doit être la priorité de toutes les politiques et stratégies climat des entreprises. Cela implique d’engager des mesures politiques ambitieuses pour réduire réellement les émissions de gaz à effet de serre. Des garde-fous contraignants doivent être introduits dans la structure et le fonctionnement des marchés carbone afin d’assurer le respect des droits humains.

Sr G. Lebreton - IMC

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