111 réfugiés accueillis en 2022 Entre le 9 mai et le 31 décembre 2022, le centre a accueilli 111 réfugiés et jusqu’à 86 en simultanée, renseigne Coallia. Une affluence qui s’est relativement affaiblie depuis : ’’Brest est désormais un centre de desserrement pour les centres de Fouesnant et Pont l’Abbé. On y oriente les familles qui ne trouveraient pas de place là-bas précise Catherine Mandin, cheffe de service au pôle Etrangers de Coallia qui a géré jusqu’à cinq centres de ce type, dans le département, au plus fort de la crise.
En moyenne, ces réfugiés restent quatre mois dans la structure brestoise. Avec une certaine réussite, puisqu’une bonne vingtaine de chefs de famille ont trouvé depuis un emploi, notamment en CDD dans les serres du secteur, et neuf ont même signé des CDI. En revanche, tous ne sont pas installés durablement dans le territoire : ’’Dix groupes familiaux ont quitté le Finistère vers d’autres régions, pour retrouver des compatriotes ou des proches’’.
Les limites du logement citoyen La première porte de sortie pour ces réfugiés, après le centre, réside dans l’hébergement chez une famille volontaire, le ’’logement citoyen’’. Un accueil contractualisé de trois mois renouvelables, accompagné par les services de Coallia. Mais ce dispositif a ses limites : ’’la cohabitation n’est pas forcément simple. Et puis on constate que cela peut créer une forme d’isolement pour les réfugiés : au centre transitoire, ils sont au milieu de compatriotes. Et là, d’un coup, ils se retrouvent seuls, à Brest, Quimper ou Crozon. Et apparaissent d’autres problèmes, comme la question de la mobilité’’. Cette deuxième étape appelle une réflexion délicate pour les familles, avec un choix crucial : ’’Quelle est la priorité : l’emploi ? le relogement ? Il y a par exemple bien plus de solutions de relogement dans le Sud Finistère, mais ce n’est pas toujours à proximité d’une école ou d’une opportunité professionnelle.’’
La difficulté de se projeter Les éducateurs de Coallia constatent que les réfugiés accueillis traversent, actuellement une ’’période compliquée’’. La date anniversaire de l’attaque russe accentue fatalement les doutes et douleurs. Ils craignent une opération militaire terrible des Russes. Et ont peur pour leurs proches restés sur place.
Dans ce contexte, le travail sur l’insertion apparaît délicat. Aujourd’hui, on a toujours ces réfugiés qui pensent repartir dès qu’ils le pourront. Il y a aussi une frange qui pense rester six mois à un an, le temps que le conflit s’arrête. Et on a des gens qui, déjà, savent qu’ils ne retourneront sans doute pas vivre en Ukraine : pour eux, il faut penser à une solution d’hébergement différent, travailler à un emploi durable et une requalification de leur statut administratif, pour un plein accès aux droits et pouvoir postuler aux logements HLM.
Jusqu’à quand le centre restera t-il actif à Brest ? Nous n’avons pas de boule de cristal. Mais il y a toujours un besoin. La convention actuelle doit se terminer à la fin du mois d’avril, mais pourrait, à nouveau, être reconduite pour six mois. Pierre Chapin Article paru dans le Télégramme du samedi 25 février 2023