Dimanche 13 juillet 1969
A l’Eucharistie de la Maison Mère à Saint Méen le Grand, les regards sont attirés par ces 3 frêles jeunes filles en tunique blanche qui ont pris place dans les premiers rangs de notre chapelle : les 3 « Mary ». Des religieux zélés les ont arrachées au Vietnam sous l’emprise du communisme, ayant déjà vu en elles de futures postulantes.
Un beau parcours jalonné de plusieurs étapes.
La Congrégation prépare les 2 sessions du chapitre d’aggiornamento, sœur Marie Boivin et sœur Yvonne Nicolas s’y activent. Elles peuvent compter sur la disponibilité généreuse de l’Equipe du Noviciat : sœurs Marie Serré, Jeanne Cloarec et Françoise Richard pour apprivoiser ces 3 jeunes filles tout aussi désorientées que nous… Elles ne parlent pas français, aussi la communication est un problème : apprentissage de la langue, musique, couture, achat de chaussures, de vêtements, pas facile malgré la bonne volonté des commerçants : tout est trop « lourd » !
Question capitale : quel avenir entrevoir avec elles ? A quelle profondeur se situe leur désir de vie religieuse, des personnes n’ont-elles pas eu ce désir pour elles ?
Après des mois d’apprivoisement à la Maison-Mère, elles acceptent d’être séparées et vont dans des établissements scolaires différents. Etape provisoire encore : après réflexion, consultations, il nous apparaît préférable pour elles, de leur assurer une formation professionnelle.
Elles viennent à Rennes, au 5 rue de la Visitation où se trouve la maison de formation des sœurs de l’Immaculée… et la Directrice de l’Ecole d’auxiliaires puéricultrices de la Croix Rouge leur ouvre ses portes. Elles sont aidées par les sœurs et réussissent leur examen.
La Pouponnière de Beauvais où elles exercent leur profession les accueille, elles aiment les enfants.
De nouveaux chemins s’ouvrent …
Désormais elles sont autonomes financièrement et de nouveaux chemins s’ouvrent à elles : travail professionnel, mariage, enfants, petits enfants, épreuves et joies… et c’est déjà l’heure de la retraite professionnelle. Cartes, lettres, téléphones, mails ne remplacent pas le désir de revoir les sœurs, les lieux , d’exprimer leur merci à la Congrégation. Une date est retenue : 1-2-3 octobre, il s’agit de leur ménager en si peu de temps le plus de rencontres possibles… Tant de souvenirs à évoquer ! que de surprises au détour des étages de la maison Mère, que de confidences lors des soirées prolongées… Bien sûr, nous évoquons le souvenir de Marie Tho qui nous a visitées à deux reprises en Bretagne, avec son mari et ses deux filles:Claire et Sophie
Oui, inoubliable rencontre
Marie Gnat se fait interprète en disant : « Dites merci à toutes les sœurs, nous les aimons bien et nous pensons souvent à elles et prions pour elles » Sœurs de l’Immaculée, nous mesurons aussi, dans l’Action de grâce, le chemin parcouru avec elles, en vivant un partage et une solidarité de congrégation.
Sœur Marie Boivin