Un premier témoignage

« Cette charité a sa source dans le coeur sacré du Divin Sauveur qui nous a aimés avant tous les temps et dont la vie sur terre n’a été qu’un acte de cet amour qu’il perpétue dans l’éternité. La charité des soeurs ne s’arrêtera pas aux bornes de leur société. notre Sauveur a répandu son précieux sang pour tous les hommes » Mère Saint Félix

Lorsque Mère Saint Félix écrivait ce texte en 1855, invitant les soeurs à « élargir l’espace de leur tente » elle ne pensait sans doute pas à l’Afrique. L’Afrique a fait du chemin dans nos esprits et dans nos textes de congrégation. Au Chapitre 2006, « la nouveauté de l’Esprit »n’est-elle pas associée à notre présence en Afrique.

L’Afrique, j’y ai passé 31 ans …le désir de partir n’habitait pas mes pensées, en 1955 lors du départ des premières « missionnaires » pour le Congo-Brazza. Pendant mes études ( en mathématiques), je disposais de temps libre pendant les vacances et fus sollicitée pour aider deux soeurs gabonaises venues en France préparer un baccalauréat. Bien sûr, nous avons fait des maths, mais aussi beaucoup échangé notamment sur l’Afrique. Une conviction m’habitait, comme elle habitait beaucoup d’autres : il était urgent de permettre aux africains d’accéder à un enseignement secondaire et sans doute préférable de les former sur place. Que des professeurs partent en Afrique, oui ! alors pourquoi pas moi ? C’est dans cette optique que j’ai mûri le projet de consacrer 4 années en Afrique.

Dans le cadre de la Congrégation, en 1971, répondant à un appel pressant de Mgr Fataki ( évêque de Kisangani), je rejoignais Soeur Marie Riou à Kisangani. Nous avons ouvert, au Lycée Sainte Monique, un lycée de filles avec Internat, et assuré la responsabilité des études. Puis d’appel en appel, je devins formatrice des professeurs de mathématiques… Le besoin en ce domaine était tel qu’il me parut difficile de repartir. Les 4 années envisagées sont devenues 31 dont 14 en R.D.C. et 17 au Gabon.

Expérience humaine très riche : rencontre d’une autre cultue, d’un peuple attachant et courageux dans des conditions de vie difficiles ; insertion dans une église vivante qui a su, avec la formation des mokambi ( laïcs formés en couple pour prendre la responsabilité des communautés chrétiennes), faire face à la pénurie de prêtres ; expérience de la catholicité dans des équipes pastorales venant d’horizons divers, unies dans une même mission.

Aujourd’hui mon expérience africaine se prolonge à travers mon engagement près de la fraternité afro-antillaise de la région de Brest.

Fraternités où se vivent la rencontre, le partage de la Parole de Dieu, la célébration et l’expression de la foi avec la richesse cultuelle et culturelle de leurs pays d’origine. Fraternités désireuses de s’ouvrir aux communautés humaines et chrétiennes locales. Fraternités intergénérationnelles : étudiants venus pour quelques années et adultes implantés en France où ils ont leur travail et leur avenir. M’étant sentie accueillie, intégrée en Afrique, mon souhait est qu’il en soit de même pour ces hommes et ces femmes qui viennent chez nous. Que, formés et dynamiques, ils puissent trouver leur place et apporter leur richesse dans la société et l’Eglise.

Favoriser les rencontres, mettre les personnes en relation, c’est ainsi qu’aujourd’hui je reste , selon les orientations du dernier Chapitre de 2006 : ouverte à l’accueil des différences, à la dimension universelle de la fraternité, signe d’espérance pour notre monde Soeur Marie-Rose P. Brest

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