Transformer en Espérance le cri des hommes

Depuis 50 ans, à l’appel des Evêques de France, les membres et les équipes du CCFD – Terre Solidaire se tiennent en écoute des cris et des espoirs de ceux qui sont au loin comme de ceux qui nous demandent protection ici. Ils s’efforcent d’être proches de leurs attentes et d’agir avec les oubliés du monde.

Nous laissons résonner en nous la clameur de la terre, le cri des hommes, la violence et les efforts de paix, ici et là-bas, au Proche Orient, en Afrique, en Syrie, en Irak, dans les villes du monde où des migrants sont contraints de fuir leur terre, à la recherche d’un lieu de paix. Il s’agit de vivre une conversion du regard et de l’écoute et de renouveler ce qui concerne ‘’notre vie commune’’ ce qui déploie notre ‘’bien commun’’ en ayant conscience d’être d’une même humanité, d’habiter une même terre et d’être engagés dans un même avenir. Aujourd’hui, à travers l’actualité, les médias, notre quotidien est envahi de toutes parts, de cris. De cris de souffrance, de douleur, de peur, de revendication, de mécontentement, des cris de joie, des clameurs. Le cri des êtres humains en souffrance raisonne en nous et vient interroger la possibilité même de croire. C’est aussi un cri qui nous réveille au cœur de la nuit. Soyons responsables. Christian Delorme, prêtre du Diocèse de Lyon, délégué épiscopal pour les relations inter-religieuses nous partage le texte ci-dessous : J’imagine les hurlements des enfants d’Alep pris sous le feu des bombardements. Je pense aux cris de détresse de ceux qui, embarqués sur de frêles esquifs, sombrent en Méditerranée. J’ai peur de songer aux souffrances extrêmes de ceux que l’on torture en différents lieux de détention du monde. Elle est trop grande la clameur du monde ! Ecrasante, angoissante, désespérante. Pas de journaux sans drames qui n’y soient exposés. Pas d’émissions d’actualité qui ne donne des échos de souffrances multiples. L’actualité est, tous les jours, tragique… Comment Dieu peut-il dormir ? Il ne dort pas, il est toujours en éveil. Mais alors, sa souffrance doit être immense, insoutenable ? Je n’ai pas de réponse. Je ne suis même pas certain d’en vouloir une. Je peux juste regarder le Christ en croix et me dire : il sait ! Moi aussi, je sais. Mais pas autant que lui qui a été crucifié. Parfois, cela m’ôte le sommeil. La plupart du temps je me débrouille pour penser à autre chose. Mais je devrais crier plus souvent ! Par colère et par amour. Crier en solidarité. Demander justice. Seigneur, ouvre mes lèvres ! Ceux qui souffrent, toutes les heures, tous les jours, savent bien que leurs cris ne recevront en réponse pas d’autres échos que les cris de douleur d’autres hommes. Mais peuvent-ils se résoudre à ne pas être entendus ? Et comment pourrais-je ne pas tendre l’oreille ? Dans les évangiles, Simon de Cyrène accompagnant la montée de Jésus au calvaire n’a pas pu empêcher la Passion du Christ, mais il l’a adoucie. La voix du sang des hommes assassinés crie jusqu’au ciel, et je sais qu’un jour Dieu me demandera : ‘’Qu’as-tu fait de ton frère ?’’

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